Le gouvernement vient de publier la jauge budgétaire 2017. Comme c’était prévisible, le compte personnel de formation (CPF) dispose de moyens ridicules pour former 15 millions de salariés.

Au titre du CPF, les OPCA auront donc collecté 850 millions d’euros en 2016.

Si l’on retire 30 % de ce montant pour payer les salaires des stagiaires (50 % des dépenses pédagogiques), on parvient à un total d’environ 500 millions pour former 15 millions de personnes, soit moins de 40 euros par année et par personne (le prix d’une heure de formation).
Si les formations des salariés sur leur CPF durent en moyenne 150 heures (et non les fantaisistes 1 377 heures sans doute reprises dans la jaune budgétaire par une sécrétaire étourdie) et si la prise en charge moyenne de l’heure de CPF par les OPCA est de 40 euros par heure, il n’y aura même pas 100 000 salariés bénéficiaires du CPF chaque année (soit moins de 1 % des salariés).

Les comptes sociaux sont devenus des contes sociaux.

L’histoire du CPF ne s’arrête pas à ce dispositif non financé et non provisionné (on dote chacun des 15 millions de salariés d’un capital de formation de 24 heures mais une seule de ces heures tout au plus est financée) car le gouvernement a décidé d’aller encore plus loin dans la démagogie sociale et les dispositions totalement irréalistes.
Le nouveau Code du travail rajoute encore des droits non financés à des droits à la formation déjà impossibles à mettre en œuvre.
Selon les dernières nouvelles du ministère du Travail, il s’agit désormais de mêler un CPF (qui ne marche pas) avec un CPA (dont personne ne comprend l’intérêt ni le fonctionnement) :

  • les permis de conduire pourraient être financés sur le CPF dès 2017 (coût annuel de 600 millions à 1 milliard d’euros, soit plus que les fonds collectés annuellement ;
  • le Code du travail doublerait le crédit d’heures annuelles de formation CPF des salariés non diplômés ou qualifiés (soit 48 heures au lieu de 24 chaque année, toujours non financées) ;
  • d’ouvrir les formations CPF aux créateurs d’entreprise (et aux travailleurs indépendants) ;
  • de financer enfin les bilans de compétences sur le CPF (autrefois, c’était possible avec le DIF).

Même les rapporteurs de la loi du 5 mars 2014 n’y croient pas.

Dans un rapport remis à l’Assemblée nationale le 6 mars 2016 pour rendre compte de la mise en œuvre de la réforme, les deux députés rapporteurs de la loi estimaient qu’il faudrait environ 6 milliards d’euros par an pour un modeste mais réaliste déploiement du CPF :
« à partir d’hypothèses retenant notamment une utilisation du CPF par 5 % des titulaires, soit la moyenne d’utilisation du droit individuel à la formation, et une durée moyenne de 150 heures par formation, une étude évalue à 6 milliards d’euros le coût annuel du CPF ».

La formation professionnelle a été ruinée par les partenaires sociaux et les pouvoirs publics avec la réforme de 2014.

La formation professionnelle n’a désormais aucunement les moyens de participer à la restauration de la compétitivité des entreprises en France. En déshabillant les budgets de formation des entreprises (moins 30 % depuis janvier 2015) pour rhabiller les formations des chômeurs (qui ne trouveront pas pour autant de travail si les entreprises ne sont pas compétitives), le gouvernement, les partenaires sociaux et le Parlement ont conçu des dispositifs éducatifs totalement irréalistes et nuisibles au capital humain de notre pays.
Article rédigé par D. COZIN – 7 nov 2016